Je ne me suis jamais posé la question à savoir pourquoi j'enseignais. J'ai toujours voulu 'montrer des choses aux gens'. Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé montrer des choses aux gens. Voir leur visage s'illuminer lorsqu'ils comprennent ou réussissent à faire quelque chose qu'ils ne croyaient pas être capable de faire ou comprendre.
En ces temps d'austérité, de coupures, de diminution de l'importance de l'éducation aux yeux du gouvernement provincial, je n'ai toujours pas à me poser la question : pourquoi j'enseigne?
La réponse restera toujours la même : pour montrer des choses aux gens. Aider les futures générations à avoir des connaissances générales, à avoir un bagage de connaissances qui les aidera à avancer et comprendre la vie, ou du moins gagner la catégorie géographie-histoire à Trivial Pursuit. Et entendre parfois (4 fois jusqu'à ce jour) : 'Madame, j'aime l'histoire à cause de vous!'.
J'adore être dans ma classe, voir les éclairs de génie s'allumer, voir celui qui ne réussit pas souvent avoir un 60% et sauter de joie... voir ma petite gênée lever sa main pour répondre à une question et son sourire timide lorsque la réponse est bonne... savoir qu'un parent à placer l'examen de son enfant de secondaire 2 sur le frigo parce qu'il-elle était fier(e) de son résultat de 73% parce qu'il-elle sait que son enfant a travaillé dure pour sa note. Voir mon élève en difficulté d'apprentissage ou comportementale passer une belle période voir une belle semaine. Savoir qu'ils aiment venir dans ma classe.
Je n'aime pas entendre la cloche de la fin du cours qui marque le début de ma profession bureaucratique... entrer des notes dans des délais trop courts, avoir des élèves en difficulté ou à besoins particuliers qui n'auront pas le support nécessaire, avoir à appeler ces quelques parents en sachant que mes recommandations seront ignorées sur toute la ligne, avoir à accommoder un élève qui part en vacances pendant 2 semaines parce que le parent l'a demandé à la direction (qui a accepté que j'accommode), savoir que pour les ministres, certaines commission scolaires et quelques directeurs-trices, nous avons la même importance que le paysan médiéval aux yeux de son seigneur, c'est-à-dire pratiquement aucune. Savoir que ma tâche est un chiffre dans un tableau excel d'un travailleur bureaucratique qui n'a aucune idée qu'un groupe supplémentaire ou 2 périodes de plus par cycle fera une différence sur ma qualité d'enseignement et ultimement sur ma qualité de vie. Je n'aime pas savoir que certains bureaucrates pensent que ce n'est pas grave si j'enseigne l'éthique ou le français si j'ai une formation en histoire puisque de toute façon, enseigner c'est enseigner... Faites-moi enseigner la science mais ne me blâmez pas si le laboratoire explose, ce n'est pas mon domaine, même si je sais enseigner. Savoir enseigner ne veut pas dire que nous pouvons tous enseigner sans avoir les connaissances préalables.
Je n'apprécie pas les commentaires du public, inconscient de ce qu'est ma tâche, qui disent que de toute façon j'ai 2 mois de vacances l'été. Ce même public qui ne veut pas mettre les pieds dans une salle de classe mais sont experts en la matière parce qu'ils ont 2-3 enfants à la maison.
J'adore mon travail... avec les élèves.
Je déteste mon travail... dans les conditions imposées par des ministres qui n'ont mis les pieds dans une salle de classe que le temps de discuter avec le professeur de leur enfant (souvent en école favorisé ou carrément privé, donc en condition plus idyllique).
J'enseignais! J'enseigne! J'enseignerai!
Mes conditions de travail sont les conditions d'apprentissage de vos enfants!
0 commentaires:
Publier un commentaire
Ajouter tous commentaires ici.